Rien de bien réjouissant dans ces pages où les volailles, génétiquement modifiées, succombent de convulsions, où les porcs, si intelligents, sont victimes de violences sadiques de la part d'ouvriers qui ont perdu toute humanité, où les vaches sont parfois encore conscientes quand on leur scie les pattes. Conditions ignobles de parcage, cycles artificiels, lentes agonies, les dérives sont nombreuses pour produire toujours plus à moindre coût. Écrit à partir de ses propres rapports avec la nourriture, le livre de Jonathan Safran Foer (Extrêmement fort et incroyablement près, NB octobre 2006) est le fruit de trois années d'enquêtes sur le terrain. Non-activiste, il n'impose rien. Il partage ses réflexions, pointe les problèmes d'éthique et de santé publique, pose la question cruciale de la souffrance animale. Son humour et son écriture tempèrent la brutalité du sujet, tout comme les témoignages de rares éleveurs soucieux du bien-être de leurs bêtes. Mais l'écrivain secoue les consciences lorsque tombe son verdict : « C'est dans notre assiette que se trouve notre chance de vivre selon nos valeurs ou de les trahir. » (source : les-notes.fr)