À Ellis Island en 1910, Andrew Jónsson cherche à capter dans l’objectif de son appareil photo tout ce qui peut relier les nouveaux émigrants à leur histoire ancienne ; c’est aussi une façon pour lui de comprendre ce qui le rattacherait à ses propres racines. Au seuil de leur nouvelle vie, Donato, Emilia, Esther et Gabor entrecroisent leurs destins tandis que le jeune photographe new-yorkais découvre les non-dits de ses origines. L’écriture de Jeanne Benameur (L’enfant qui, NB juillet-août 2017), sensuelle et poétique, saisit admirablement les moments furtifs où les souvenirs de toute une vie, heureux ou douloureux, reviennent lorsque tout bascule dans l’aventure de l’exil. Les personnages bien typés donnent à voir la réalité multiple de l’immigration au début du XXe siècle. Qu’ils soient arméniens, italiens ou bohémiens, ils fuient la misère, la guerre ou des blessures intimes : ils ont tous le désir profond de vivre leur nouvelle liberté. Mais ils gardent au fond d’eux-mêmes leur langue, leur métier et la mémoire de ceux qui ont disparu trop vite. C’est ainsi qu’ils préservent cette richesse qui leur donnera le courage de vivre leur déracinement. Un livre magnifique sur la mémoire et l’exil. (source : les-notes.fr)